Qui succédera à Google et à Altavista? Plusieurs projets sont en phase de développement. Certains proposent de créer des réseaux d'internautes partageant les données de leurs ordinateur. D'autres optent pour des moteurs de recherche plus «intelligents», capables de comprendre des questions .
Les moteurs de recherche de demain seront plus exhaustifs et plus intelligents
Sébastien Exertier
Mardi 24 septembre 2002
Rubrique:  sciences & multimédia


Portes d'entrée incontournables du cyberespace, les moteurs de recherche n'en demeurent pas moins sujets à caution. Parmi les principaux reproches à leur encontre: un manque d'exhaustivité évident et une pertinence pas toujours assurée. C'est pourquoi, dans l'un des secteurs les plus porteurs du Net, l'innovation fertile est de mise et plusieurs outils «intelligents» se proposent déjà de remplacer les célèbres Google et AltaVista. Tour d'horizon des moteurs de recherche de demain.
• Cartographier le Net
Afficher une liste de liens, aussi pertinente soit-elle, lors d'une requête sur un moteur de recherche, est-ce réellement tenir compte de la physionomie complexe du réseau mondial? Assurément pas, répondront les développeurs de Kartoo ou de MapStan Search. Selon eux, la toile mondiale est un enchevêtrement de sites reliés par des liens logiques et thématiques qu'il faut absolument faire apparaître afin de donner à l'internaute la meilleure réponse possible. MapStan Search développe ainsi un système graphique original. «Notre outil représente le résultat des recherches sur un «plan de quartier» où les pages sont regroupées par site, peut-on lire sur la homepage de MapStan Search. Les places représentent les sites et sont reliées par des rues indiquant leur similarité. Lorsque plusieurs sites sont toujours associés dans les mêmes recherches, ils sont regroupés au sein d'une même place. Vous bénéficiez ainsi d'une synthèse visuelle de votre résultat et des proximités entre les pages.»
L'approche est similaire chez Kartoo, un méta-moteur qui, après avoir interrogé plusieurs moteurs de recherche, cartographie les résultats sous forme d'une galaxie où chaque planète représente un site dont la pertinence est mesurée par la grosseur de cette dernière. Par la suite, lorsque l'internaute survole les planètes avec sa souris, les mots-clés concernés s'illuminent et une brève description du site apparaît sur la gauche de l'écran.
http://search.mapstan.net
http://www.kartoo.com

• Recherche plus humaine
Le langage des moteurs de recherche demeure pour la plupart des internautes totalement abscons. D'autant que les opérateurs booliens (et, ou, sauf, etc.), qui permettent d'affiner une recherche, ne sont que très peu utilisés. Pour rendre les recherches virtuelles plus conviviales, certains outils ont ainsi parié sur le «langage naturel». Une simple question, comme vous la poseriez à un être humain, et la recherche est lancée. Ainsi à la question formulée «Quel est le temps à Genève?», AskJeeves, le moteur de recherche américain en langage sémantique renverra, par exemple, directement sur la page appropriée, à savoir: http://weather.suisseinfo.org.
Plus performant encore, le moteur de recherche intelligent suisse Albert qui, outre sa capacité de gérer le langage naturel, tolère les fautes de frappe et d'orthographe et dispose d'une capacité d'apprentissage automatique qui lui permet d'améliorer la pertinence de ses réponses au fil du temps.
Mais pourquoi ne pas pousser la convivialité jusqu'à poser ses questions à un véritable humain rompu aux joutes de la recherche virtuelle? Tel est le concept de Web Help, qui propose l'aide de cyber-limiers aux internautes perdus sur la toile. Concrètement, le site vous met directement en contact avec un opérateur avec lequel vous pourrez dialoguer via un chat et qui s'efforcera de répondre à vos questions. Gratuit il y a quelques mois encore, le service est dorénavant facturé 25 francs pour dix recherches.
http://www.askjeeves.com
http://www.albert.com
http://www.webhelp.com

• Le peer-to-peer au service de la recherche d'infos
Comment faire pour qu'un outil de recherche sur Internet soit capable de recenser la quasi-totalité des pages Web alors qu'un moteur de recherche classique n'en recense tout au plus que 50%? Tout simplement en ajoutant bout à bout toutes les données conservées par les internautes eux-mêmes. «Grâce au peer-to-peer, Human-Links met en place un réseau anonyme d'internautes et de sites Web partageant les mêmes centres d'intérêt que vous et possédant des liens susceptibles de vous intéresser dans votre recherche, explique Yves Simon, vice-président d'Amoweba. Ainsi, lorsque vous effectuerez une recherche sur Internet, Human-Links diffusera votre requête à vos contacts intéressés par le sujet, puis aux contacts de vos contacts, en recherchant sans cesse ceux dont les centres d'intérêt se rapprochent le plus des vôtres: plusieurs milliers d'ordinateurs pourront chercher pour vous.» Concrètement, au fur et à mesure que la communauté grandira, les internautes pourront tirer profit des connaissances de plus en plus de gens et à terme, pourquoi pas, mobiliser toutes les connaissances humaines. Du moins celles stockées sur ordinateurs. Un pari insensé? Pas si sûr. «Regardez Napster, qui fonctionnait sur le même principe que le nôtre, explique Yves Simon. Croyez-vous qu'il aurait été possible d'y retrouver toutes les musiques au monde autrement qu'en partageant chacun ses propres morceaux? Je ne le pense pas. En revanche, il est certain qu'un serveur centralisé n'aurait jamais pu le faire.»
http://www.human-links.com